Le jour où... Ils se sont dit "Oui" ?

Quelques jours plus tard...

Après cette soirée chaotique de pendaison de crémaillière, qui finalement n'a pas été pendue, puisque tout le monde est parti juste après la crise de Loan. Sans un mot, sans un regard en arrière, il a franchi la porte d'entrée, qui devient celle de sortie, entrainant Gwen dans son sillon. Arnaud m'a regardé, interrogateur. Que pouvais-je répondre ? Que pouvais-je dire ? La vérité ? Encore... Est-ce qu'un jour cette question quittera mon esprit ? Est-ce qu'un jour je serais libérée entièrement de ce poids ? La réponse est "Oui", bien sûr qu'un jour je pourrais être sereine, il suffirait que je parle. Que je prenne Arnaud à part et lui raconte tout. Mais pour l'instant je n'y parviens pas.

Rodolphe m'a donné rendez-vous au café du coin le sur-lendemain de la soirée. Il n'avait pas souhaité rester plus longtemps ce soir-là et était parti peu de temps après Loan et Gwen. J'étais ravie de le revoir et de pouvoir lui parler. Penser à autre chose, échanger sur nos vies que je voulais pour ma part banal. Il arriva, on s'installa après avoir commandé et la conversation commença.

"- Bon... Tu m'expliques ?
- Hein ? De quoi ? Ah oui c'est vrai que depuis que tu es parti faire le toooour du monde pas mal de chose ont changé ! Donc par où je commence... ? Ah ! J'ai rencontré Arnaud il y a, et bien...
- Stop ! Passe directement au moment où tu as couché avec son meilleur pote."

J'en aurais recraché mon café si je ne l'avais pas avalé juste avant la seconde où il m'a balancé cette bombe à la figure ! Mais comment ? C'est si évident que ça ? Ou alors il a entendu ? Mais si lui a entendu ce que Loan avait crié pourquoi pas Arnaud et Gwen ? Ou alors...

"- Non mais vraiment ? Tu croyais que ça ne se verrait pas ? Puis c'était quoi ce cirque l'autre soir ? Vous ne pouvez pas être plus discrets ?
- J'ai jamais voulu ça tu sais...
- Et bien qu'est-ce que ça aurait été si tu l'avais voulu !
- Oh! Ca va les jugements ! J'en ai pas besoin ! Tu crois que ça ne me déchire pas le coeur ? Tu crois que je ne culpabilise pas suffisamment ? A chaque fois que je vois Arnaud, et je te rappelle que je vis avec, je repense à ce que je dois lui cacher.."

 

Je voulais seulement passer un bon moment. Reparler du bon vieux temps, de ses voyages, oublier pendant quelques heures ce poids sur mes épaules. J'ai tout fait pour m'en éloigner, jusqu'à déménager mais non ! Il faut même que ça me suive jusque dans la bouche de mon vieil ami ! Alors j'ai craqué. Il savait, dans cette tourmente, dans cette douleur j'avais enfin une soupape de décompression. Je n'avais plus à me cacher devant lui, à porter un masque. Je pouvais être moi car il me voyait telle que j'étais.

Je lui racontais toute l'histoire. Tous les évènements qui s'étaient plus ou moins enchainés depuis notre randonnée en forêt. Il m'écouta sans rien dire. Même quand j'eus terminé, il continua de se taire. Il posa juste ses mains sur les miennes avec douceur, la tapotant légèrement. Les larmes n'avaient cessé de couler sur mon visage, me collant à la peau, laissant de longues trainées sur mon maquillage.

Quelques semaines plus tard...

Le grand jour était arrivé. Je l'appréhendais autant que si c'était moi qui me mariais. J'avais rejoins Gwen chez elle où ses parents et sa grand-mère l'entouraient déjà ainsi qu'une autre de ses amies. Je ne me sentais tellement pas à ma place. Tout le monde était en plein ébullition. Ils tournoyaient dans tous les sens, à brasser de l'air la plus part du temps. J'entendais des prénoms masculins, féminins qui fusaient dans la maison souvent suivis de "j'arrive!" ou "deux minutes!". Je voyais ce monde bouillonner autour de moi. Je restais figée dans le temps, immobile.

Mon corps ne parvenait pas à bouger, je ne savais que faire pour dire vrai. Comment aider ? Quoi faire pour lui faciliter la plus belle journée de sa vie ? Le seul endroit où ça fusait c'était dans mon esprit. J'allais assister à l'union de deux êtres, être le témoin de leur soi-disant amour. Mais laissez moi rire ! Comment être témoin d'un mensonge ?! Eux ils s'agitent, ils courent de partout sans même savoir où ils vont tant qu'ils le font, ils sont tellement chanceux !

Rodolphe a raison. Je me plains mais je m'y suis mise seule dans ce pétrin. C'est de ma faute si je ne me sens pas à ma place aujourd'hui. Et si tout ça est arrivé en parti à cause de moi, de ma faiblesse, que l'on peut qualifier d'humaine; alors je dois être en mesure d'y remédier. Seulement quand ? J'ai voulu reculer ce moment au maximum pour ne pas gacher le mariage de Gwen, alors je ne vais quand même pas tout débaler maintenant.

Pendant la cérémonie : "- Est ce que quelqu'un s'oppose à l'union ? - Alors pas spécialement s'opposer mais juste rétablir une vérité. Gwen j'ai couché avec ton futur mari et Ouha! on s'est éclaté !"

Pendant le vin d'honneur : "- Votre attention s'il vous plait ! Je voudrais porter un toast aux jeunes mariés. A Gwen la fille la plus crédule sur terre et Loan le mec le plus infidèle qui existe!"

Non vraiment, faut encore que je garde ça pour moi. Et puis franchement, est-ce que je pense vraiment que Loan va me soutenir ? Il n'a pas assumé ses paroles l'autre soir, ce n'est pas en ce jour, devant toute sa famille et celle de Gwen qu'il va lâcher le morceau. Non, tais toi Camille. Tu as réussi à le faire jusque là, tu peux continuer.

La mariée prête, je retrouvais Arnaud vers l'église. Il était magnifique dans son costume bleu. J'avais tellement de chance d'avoir un homme aussi prévenant, attentionné, et bon amant en plus ! J'étais comblée de bonheur, je pouvais m'enhivrer avec. En fermant les yeux je pouvais presque sentir cette bulle d'amour et de chaleur m'entourer.

Mais il fallait ouvrir les yeux et voir l'autre penchant, Loan. Lui aussi était beau dans son costume. Son costume de marié. Une question se posa tout d'un coup à moi : qui était-il ? Un jour aventurier, un autre amant, une fois encore ami, puis maintenant marié. Comment pouvait-il se retrouver dans tous ces costumes ? J'en avais endossé un de trop, un seul ! et pourtant ça me suffisait à me perdre. Je ne me reconnaissais plus. Alors lui ? Comment peut-on être soi et étant plusieurs ?

La cérémonie se déroula sans embuche. Je regardais mes pieds tout du long ayant la frousse de croiser ne serait-ce qu'une micro seconde le regard de Loan. A la sortie les cris de joie et les rires se succédèrent. On prit quelques brèves photos puis direction la salle de réception. Sur le chemin je demandais à Arnaud de s'arrêter sur le bas côté. je ne pouvais peut-être pas gâcher la journée de Gwen mais je devais la vérité à Arnaud. Parler à Rodolphe m'avait fait prendre conscience que je ne pouvais pas le prendre pour un idiot plus longtemps. Il méritait tellement mieux...

Le jour du mariage...