Le jour où... Il a craqué

Des mois plus tard...

Je filais le parfait amour, si je pouvais encore dire ça, avec Arnaud. On n'avait jamais été aussi bien depuis que Gwen et Loan nous avaient annoncé leurs fiançailles et leur intention de se marier. Je me sentais revivre. Loan ne me manquait pas le moins du monde et je me rendais compte que ceci n'avait vraiment été qu'une aventure ridicule.

Nous ne les avions revu que de rares fois. J'avais mis des distances. Des vraies cette fois ci. Je n'avais plus revu Loan que ce soit avec Arnaud, Gwen ou seule. Arnaud le revoyait de temps en temps. Comme des potes. Des potes... Des amis... Quelle fumisterie!

Parfois je me regardais dans le miroir et les larmes me montaient aux yeux. J'avais failli tout foutre en l'air pour ce mec. Une connerie. Ma connerie. Je l'assumais seule. Je comprenais à présent que Loan n'assumerait jamais ce qu'il s'est passé entre nous devant Arnaud et encore moins devant Gwen. Il était lâche. Il aimait à se voiler la face et il manipulait son entourage.

J'avais peur pour Gwen. Elle était venue une fois à la maison. Avec Arnaud on préparait notre déménagement. Je ne voulais plus rester dans cette petite maison, que je lui avais dit. En vrai je voulais m'éloigner le plus possible de Gwen et Loan. Changer de ville, d'air, laisser le passé derrière nous. Mais quand Gwen vint me voir ce jour là, je sû que ce passé me collerait toujours à la peau.

"- Je veux que tu sois ma témoin !
- Moi ? Tu es sûre ?
- Oui oui oui ! Tu représentes ma relation avec Loan."

Quoi ? Elle sait ? Sa relation ? Ca ne veut strictement rien dire... Comment je peux représenter sa relation avec Loan ? Si je représente sa relation, je suis donc le ver dans la pomme. Sa relation est pourrie de l'intérieure. Je ne peux pas la laisser dire ça, ni même y penser.

" - Je... Je ne pense pas que ce soit une bonne idée Gwen...
- T'es sérieuse là ?Tu refuses d'être ma témoin ? Mais ça ne se refuse pas une telle proposition !"

Elle a raison. Je parais encore plus suspecte à refuser. Mais pourquoi ? Pourquoi faut-il toujours qu'elle me mette dans cette position d'entre deux ?! D'un côté je ne peux pas refuser sans paraitre suspecte et d'un autre côté je ne peux pas accepter en ayant couché avec le futur marié !

" - Camille ça va ? Tu es toute pâle... Tu es malade ?
- Non... Non ça... ça doit être le déménagement, tout ça. Je ne dors pas beaucoup en ce moment...
- Oh mais oui bien sûr ! Et moi qui vient t'embêter avec mes histoires de mariage ! Je comprends mieux ta réaction. Ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas, tu es juste surmenée. Tu m'enverras ta réponse, que je veux positive, et la mariée a toujours raison !, dès que tu pourras ! Je te laisse. A bientôt et bise à Arnaud !"

Elle est partie. Elle a compris. Comme tout le reste elle comprend ce que l'on veut bien lui laisser comprendre, lui laisser croire. Est-ce-qu'un jour elle comprendra vraiment ? Arnaud a dû comprendre passé un temps. Ou se douter. Ou s'imaginer. Puis il a enfoui ça au fond de sa mémoire et il a oublié. Il a oublié de chercher à véritablement comprendre.

Il a eut une promotion au travail. C'est pour ça qu'on peut déménager. J'ai hâte de partir. J'espère qu'ainsi la distance permettra à Gwen de m'oublier elle aussi. De se faire d'autres amies. Qu'elle ne m'appellera plus quand elle aura un doute sur Loan. Parce que je suis sûre que ce qu'il s'est passé avec moi pourrait se passer avec une autre. Je ne suis pas digne d'être son amie. Pour ce que j'ai fait mais surtout pour ce que je ne fais pas, lui dire qui est son futur époux. Mais me croirait-elle seulement ? Rien n'est moins sûr...

Le jour du mariage de Gwen et Loan approchant, elle est de plus en plus pressante pour connaitre ma réponse concernant ma place de témoin. Arnaud ne comprend pas pourquoi je la laisse languir autant. Il trouve ça cruel. Une future mariée n'a pas à se demander si son amie, sa confidente, sera bien sa témoin. Il a raison. Je fais un caprice, je chipote.

Je l'ai appelé pour lui dire "C'est d'accord, je serais ta témoin". Aucune joie dans ma voix. Aucune projection, aucune envie. Rien. Juste l'envie de me terrer dans un infime trou.

On a déménagé. Enfin ! Arnaud veut pendre la crémaillière. Fichue crémaillière !

Partir le plus loin possible de Loan pour finalement le voir débarquer chez moi, sur invitation de mon copain en plus ! Mais il y tenait. Plus vite ça serait fait, plus vite notre lien se tendrait pour finir par se briser définitivement. Le premier week-end après notre installation, ils sont venus.

Gwen et son constant sourire de futur mariée. Loan et son constant sourire de charmeur. J'avais décidé d'inviter un ancien ami parti en voyage pendant de longues années et revenu depuis peu. Contact repris, je profitais de ce soir pour le revoir, le présenter à Arnaud afin qu'il le rencontre pour de vrai et plus seulement à travers mes paroles, et inclure une tierse personne à notre groupe espérant ainsi éviter les tensions sous-jacentes.

Mon ami est arrivé en dernier. Je sautais de ma place en entendant la sonnette et lui tombais dans les bras en le voyant. Je le présentais à Arnaud, le sourire illuminant mon visage. Il venait tel mon sauveur d'une soirée étouffante. C'était ma bouffée d'air frais, ma bouteille d'oxygène et ça se voyait sur mon visage. Trop peut-être. Pour Loan en tout cas. Je laissais mon ami au salon avec les autres pour qu'il fasse connaissance et partie à la cuisine chercher à boire. Arrivée là-bas, préparant les verres, des bruits de pas, la porte qui s'ouvre me firent sursauter.

Loan apparut. Il semblait énervé. Contrarié ? Il me fit peur pendant un lapse de temps. J'essayais de remplir mes verres en restant la plus paisible possible.

"- Qui c'est ?
- Rodolphe ? Un vieil ami. Pourquoi ?
- Tu as couché avec lui ?!"

Je m'arrêtais. Je posais le verre que j'avais dans la main et me tournais vers lui.

"- Tu te fouts de moi ?! Pour qui tu te prends à me demander ça ?!
- Tu... tu... semblais tellement heureuse en le voyant. Ton visage s'est comme illuminé quand il est arrivé. Je... je n'ai pas pu..."

Il se recula dépité, abattu. A chaque fois qu'il venait me rejoindre dans une pièce sachant que les autres étaient présents, juste de l'autre côté du mur, ça m'angoissait. Et s'ils se rendaient compte de notre absence beaucoup trop longue ? Pas maintenant. Rien ne devait être perçu. Pas avant leur mariage. Pas maintenant que j'avais réussi à m'éloigner.

"- On doit y retourner.
- Attends !"

"- Promets moi de ne jamais m'oublier...
- Loan arrêtes.

- Camille... Je te veux pour moi et moi seul. Je te veux comme avant. Tu te souviens ? On était si bien tous les deux... J'ai envie de toi Cam'.
- Je vais au salon. Reste ici si tu veux, moi j'y vais.

- Cam ! Ne mens pas !
- Mais tais-toi enfin ! Qu'est-ce-que tu cherches à faire hein ? Alerter tout le monde ?
- Je m'en fouts ! Qu'ils sachent ! Qu'ils sachent que l'on s'aime ! Je ne veux pas me marier ! Je veux être avec toi Cam' !"

Et puis ce qui devait arriver arriva. Un pas, une voix, deux pas, le tissus qui se froisse, une voix plus forte.

"- Ben alors qu'est-ce-que vous faites ici ?
- On a entendu crier, tout va bien ?"

Mon coeur. Il va me transpercer la poitrine. Qu'ont-ils entendu ? L'ont-ils entendu ?

 

Quelques jours plus tard...